De Sarajevo à Sarajevo - Freischütze !

Dès le premier jour de l’invasion allemande, le 14 août 1914, les troupes du Kaiser vont perpétrer des massacres contre les populations civiles, accusés d’être des francs-tireurs. Les mieux connus du public auront lieu vers la mi-août, aux environs de Dinant et de Tamines. Mais c’est la petite ville de Visé qui ouvre ce sinistre bal, dès le 4 août.

Mis en garde contre la possible présence de francs-tireurs, à l’instar de ceux qui avaient si vivement combattu les armées prussiennes envahissant le France en 1870, des soldats allemands s’en prennent arbitrairement aux civils qui ont le malheur de se trouver sur leur passage.Un rien peut tourner au drame : le port ou la possession d’armes de chasse ou de parade, le fait de retarder une colonne ou, tout simplement, de regarder passer les troupes suffit à déchaîner une violence inouïe.

Des centaines de civils sont massacrés à Dinant et à Tamines. Des quartiers entiers, voire des villes entières sont incendiés. En tout, 6000 civils belges sont assassinés à Visé, Tamines, Auvelais, Dinant, Latour, Rossignol, Aerschot, Termonde et Louvain. Des faits similaires ont eu lieu dans le Nord de la France. Ces massacres ont été longtemps justifiés par l’Allemagne, qui affirmait s’être ainsi défendu contre une manière déshonorante de conduire la guerre dans le chef des Belges. Dès 1915 pourtant, le gouvernement belge récolte des témoignages sur ces faits qui sont alors niés jusqu’au sein des milieux intellectuels allemands. Il faudra des décennies et de nombreuses enquêtes judiciaires et scientifiques pour rétablir la vérité historique : l’armée allemande de 1914 s’est bel et bien rendue coupable des pires exactions, et à escient, à l’encontre des populations civiles de Belgique et du Nord de la France. Les tueries n’étaient pas une conséquence de la guerre, mais bien une manière de la conduire.

Ces massacres d’août 1914 sont demeurés gravés dans les mémoires collectives. A Dinant, il a fallu attendre 2008 et des discussions passionnées jusqu’au sein du conseil communal pour voire enfin flotter le drapeau de la République fédérale allemande sur le pont de la Meuse, 94 ans après les faits.

Plus directement, ils jetèrent plus d’un million de réfugiés belges sur les routes, soit un septième de la population.

Nous retrouverons plus tard certains de ces exilés forcés en France, aux Pays-Bas ou en Angleterre. Cet exil lui-même conditionnera toute une génération : lorsqu’en 1940, l’Allemagne envahit pour la seconde fois la Belgique, le souvenir des semaines noires d’août 1914 fera souffler un vent de panique similaire.

Regardez ici le web-reportage

• Serie : De Sarajevo à Sarajevo
• Production :RTBF
• Version :French
• Script :
• Year : 2014
• Running time :13'00"
• Subject :Documentaries, History
• Showing of extracts allowed : Yes
• Limit Country : No